Irena Liszka-Suchy
Ancienne présidente de l'Union des Polonais Frédéric Chopin pendant de nombreuses années
Elle est née en 1947 à Bielsko-Biała et elle vient au Luxembourg en suivant... son cœur. Pourtant, son histoire ne ressemble pas aux autres histoires typiques de mariages entre une Polonaise et un étranger et il est intéressant de s’y attarder un peu plus. Il était une fois…
À la fin des années 1960, l'oncle d'Irena est de passage en France où il rencontre une famille de Polonais qui, avant la guerre, s'étaient installés dans la petite ville de Bouligny, à mi-chemin entre Verdun et Luxembourg. Dans cette grande famille, parmi les onze frères et sœurs, deux d’entre eux sont frères jumeaux, nés en France. Lorsque son oncle leur montre une photo d'Irena, l'un d’eux décide de lui écrire une lettre. Irena y répond et c'est ainsi que le premier contact fut établi... le premier contact non pas avec son futur mari, mais avec son frère. Car quand elle vient en France pour faire leur connaissance, elle tombe amoureuse de ce dernier. Les parents du marié acceptent rapidement ce choix et après quelques mois, le 22 juillet 1967, leur mariage a lieu.
Irena n'apprécie pas particulièrement la ville natale de son mari. Pour une Polonaise née dans le quartier animé de Bielsko-Biała, la province française de par ses charmes ruraux et miniers ne convainc guère Irena. Ainsi, peu de temps après le mariage, les jeunes mariés décident de chercher le bonheur au Luxembourg. Son époux trouve un emploi assez rapidement d'abord dans la construction, puis peu après dans la puissante entreprise métallurgique Arbed (rebaptisée plus tard Arcelor, puis Arcelor-Mittal suite à la fusion des deux grands groupes – Arcelor et Mittal). L’époux d’Irena, Stanisław travaille dans l'aciérie pendant plus de 30 ans, jusqu'à sa retraite. Pendant ce temps, Irena, venue de Pologne avec une formation économique, a des difficultés pour trouver un emploi dans son domaine au Luxembourg à cette époque. Le manque de connaissances du français en fût certainement un obstacle majeur. En effet, en Pologne à cette époque, l’enseignement du français n’est pas très répandu dans les écoles, Irena commence donc l’aventure avec cette langue à son arrivée au Luxembourg. Bien vite, la famille s’agrandit avec la naissance de leur première fille Lidia, suivie peu de temps après par celle de leur deuxième fille, Charlotte. La famille d'Irena s’invite au premier plan de sa vie. Ce n'est qu'au milieu des années 1970 qu'Irena commence à travailler, d’abord comme serveuse dans le casino d'Arbed où elle reste pendant quelques années. Par la suite, elle travaille dans de nombreux restaurants de renom, comme celui du château de Differdange.
Avec le temps, après avoir passé quelques années loin de son pays d’origine, Irena commence à ressentir de plus en plus la nostalgie de son pays d’origine, et comme à cette époque voyager n'était pas chose facile, voire impossible à cause du rideau de fer, Irena commence à chercher des contacts avec la communauté polonaise au Luxembourg. En assistant aux messes polonaises dans l'église d'Esch-sur-Alzette qu’elle noue des premiers liens avec ses compatriotes vivant au Luxembourg. Grâce à ses rencontres, elle apprend l'existence d'une organisation communautaire polonaise – l'Union des Polonais. C’est ainsi qu’elle entre dans l’association dès le début des années ‘70.
En 1973, Irena rencontre pour des raisons administratives un consul qui, à l’époque se déplaçait de Bruxelles pour soutenir les Polonais vivant au Luxembourg. Lors de cet échange qui s’oriente rapidement autour de l’activité de l’Union des Polonais, le consul l’encourage à s’investir dans la vie de l'organisation et il promet même le soutien du consulat de Bruxelles. Motivée par cette déclaration, Irena décide de prendre une part active aux activités de l'Union des Polonais et c’est ainsi que la même année, elle en devient la trésorière puis, quelques années plus tard – la présidente. Au cours de sa présidence, le nom de l’association change pour devenir l’Union des Polonais Frédéric Chopin et l’association connait près de 30 ans de développement très intense et attire de nombreux nouveaux membres. (Vous trouverez plus d’informations concernant les activités de cette organisation depuis sa création jusqu'à aujourd'hui dans l'article sur le site Internet polacy.lu, à cette adresse).
En dressant le portait d’Irena, il est impossible de ne pas évoquer sa passion, son amour pour la culture polonaise et en particulier pour le folklore polonais. C'est en partie grâce à ces centres d’intérêts que l’Union des Polonais s’est naturellement rapproché de groupes folkloriques tels que Dzieci Płocka (Les enfants de Plock) ainsi que d’autres groupes des différentes régions de Cachoubie, de Varmie et de Mazurie et même des Beskides et elle les invite et présente au Luxembourg. Plusieurs fois, lors de grandes manifestations locales, comme par exemple la Cavalcade à Pétange ou encore la procession à l’occasion de fêtes religieuses d’Octave Fête-Dieu au Luxembourg, la délégation de l'Union des Polonais représente la communauté en costumes folkloriques polonais. C’est à l’occasion de sa première participation qu’Irena se présente avec ses filles ayant respectivement 3 et 5 ans à l’époque. Toutes les deux, vêtues de vêtements colorés confectionnés spécialement pour l'occasion, marchent au début du groupe polonais, suscitant sympathie et intérêt non seulement du public, mais aussi des médias. (Vous trouverez toutes ces anecdotes et bien plus encore sur les pages déjà mentionnées sur le site polacy.lu)
Irena réalise sa passion pour la danse folklorique. Mais à son plus grand regret, à l’époque au Luxembourg, il n'est malheureusement pas possible de créer un groupe folklorique polonais et de faire des répétitions régulières, mais les membres de l'Union des Polonais se réunissent assez souvent dans la maison privée d'Irena à Pétange pour chanter des chansons traditionnelles polonaises. En parallèle, Irena danse pendant de nombreuses années dans un groupe folklorique luxembourgeois existant à Bettembourg, en y emmenant sa sœur et sa fille Lidia. Son intérêt toujours grandissant pour le folklore, conduit Irena à se rendre en Pologne. Dans les années ‘80, elle rencontre des membres de l'un des plus grands groupes universitaires de chant et de danse folklorique Lubliniacy (habitants de Lublin), qui organise ses répétitions à l'Université Maria Curie-Skłodowska de Lublin. C'est aussi à ce moment-là qu’elle retrouve ses anciennes connaissances Iwona et Piotr Wojtczak, rencontrés à l'époque où ces derniers travaillaient dans un poste consulaire à Bruxelles.
Ses amis de Lubliniacy encouragent Irena à participer aux cours d'été de Polonijne Centrum Kulturalno-Oświatowe (Centre culturel et éducatif de la communauté polonaise), qui se tiennent à l'époque à l'école de musique de Lublin. Irena y participe en 1987. Par la suite, elle visite la Pologne à plusieurs reprises, le plus souvent en tant que déléguée de l'Union des Polonais aux congrès de la communauté polonaise mondiale à Varsovie. Pendant cette période, elle organise également des voyages d'enfants polonais du Luxembourg en colonie de vacances à Zakopane et pour participer aux cours de polonais à Lublin.
Mais sa passion pour la musique va bien au-delà et dépasse le cadre de la musique folklorique. Pendant de nombreuses années, elle joue dans l'orchestre de mandoline Cercle mandoliniste municipal à Differdange (sa fille Lidia y joue d’ailleurs toujours) et chante dans la Chorale municipale « Ons Heemecht » à Pétange.
En 2007, en raison de son âge, Irena Liszka transmet la présidence de l'Association et diminue progressivement sa participation active aux nombreuses actions, après plus de 30 ans d'activité extrêmement animée, de nombreux souvenirs extraordinaires et des centaines de photos uniques qui témoignent de cette période très variée et prenante de la vie d'Irena. Des photos où l'on peut la voir en compagnie de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte (épouse du grand-duc Jean), du grand-duc Henry et de la grande-Duchesse Maria-Teresa, plusieurs consuls polonais exerçant à Bruxelles dans les années ‘70 et ‘80, des représentants du Gouvernement polonais qui, dans les années ‘90, visitent le Luxembourg , notamment Włodzimierz Cimoszewicz, Aleksander Kwaśniewski, Bronisław Geremek et de nombreuses autres personnalités du monde de la culture, de la politique et du sport polonais. En plus d’être la mère de ses deux filles – Lidia et Charlotte, Irena Liszka est aussi la fière grand-mère de quatre petits-enfants: Leon, Fabrizzio, Mateusz et Ali.
Traduit du polonais par Anna Gonzales

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